A leur début, les diamants synthétiques étaient essentiellement destinés à l’industrie. Avec les avancées technologiques de ces dernières années leur qualité égale désormais les gemmes naturels, au point qu’il est impossible de les distinguer à l’œil nu.

Mais l’arrivée des diamants synthétiques sur le marché de la joaillerie est une menace pour l’Afrique, grande absente sur ce marché en développement.

infographie-diamant-synthétique

En plus d’être moins chers, les diamants synthétiques présentent l’avantage de n’avoir jamais été entachés par le sang et les conflits armés. Ils pourraient donc apparaître comme l’alternative idéale aux diamants et l’image sanglante qui leur est associée.

Mais nous pouvons très facilement affirmer que les diamants de synthèse ne sont pas la solution.

« Ce qui est rare est cher »

Avec une production estimée à 20 millions de carats d’ici 2026, le diamant synthétique pourra engendrer un bouleversement du marché du diamant.

La valeur que l’on accorde au diamant est fonction de sa rareté.
Ainsi, l’arrivée sur le marché des diamants de synthèses pourrait conduire à la chute générale des prix du diamant, et la fin du prestige social qui lui est accordé.

La baisse des prix des diamants bruts a été de 15% en 2015. Une baisse impactante pour les pays africains dépendants du commerce du diamant.

Diamants brut cubiques polis

L’arrivée du diamant synthétique : quel impact pour l’Afrique ?

La question des conflits est souvent évoquée lorsque l’on parle des diamants synthétiques, qui on est sur sont garantis « conflict free ».

Mais il faut savoir que depuis l’instauration du processus de Kimberley, la part des diamants de sang dans la production mondiale est estimée à environ 0,2%, contre près de 15% à la fin des années 1990. Le problème des diamants de guerre est donc mineur par rapport à ce qu’il était il y a ne serait-ce que 15 ans.

De plus, en produisant 60% de la production mondiale de diamants bruts, l’Afrique tire de nombreux profits de ce marché, source de stabilité et de développement dans des nombreuses régions. Ce commerce lui rapporte environ 8,4 milliards de dollars par an. Une somme non négligeable pour le développement social et économique du continent.

Diamant brut cubique de couleur bleu de 1,10 carat

Cependant à ce jour l’Afrique est la grande absente sur le marché des diamants synthétiques. Si ces derniers se démocratisent, les conséquences pour l’économie des pays africains producteurs pourraient être préjudiciables: chute des prix du diamant, baisse des recettes d’exportation et des taxes sur les multinationales, suppression d’emplois…
De quoi ébranler leur stabilité encore souvent fragile!

Car, si l'on entend fréquemment parler des diamants de sang et des diamants "illégaux" qui financent des groupes armés en Afrique, cela occulte complétement que le diamant est une ressource minière qui, bien gérée et exploitée correctement peut contribuer au développement des pays exploitant.

C'est notamment le cas du Bostwana que nous détaillons ci-après.

Impacts favorables d'une économie du diamant maîtrisée

Le diamant tient une place importante dans l’économie africaine. Et dès lors qu’il est bien organisé et valorisé dans l’économie officielle, ses bénéfices peuvent être nombreux tant au niveau économique que social.

Le Botswana est l’exemple parfait d’un possible développement non-violent et pacifique de l’industrie du diamant en Afrique. 
La stabilité politique qu’a connu le pays depuis son indépendance en 1966, sa politique budgétaire prudente et ses choix de gestion du secteur minier lui ont permis de prospérer rapidement et pendant des décennies grâce à l’exportation du diamant.

Infographie-botswana-diamants

Des bénéfices réinvestis au service du développement du pays

Le gouvernement botswanais a investit les recettes minières dans l’amélioration de la situation économique et des conditions sociales du pays : construction d’infrastructures, mise en place d’un système de santé, mise en place d'un système d’éducation gratuite…

Les avantages des employés de la Debswana – société d’exploitation du diamant au Botswana détenue à 50-50 par De Beers et le gouvernement du Bostwana – par rapport aux autres secteurs sont également intéressants : salaire minimum plus élevé, assurance-maladie, fond de retraite et logement gratuit dans des maisons jumelées… 
Une vision encore peu répandue du travail dans les mines qui devrait servir d’exemple aux autres pays.

Diamant rose SI2 de 0,13 carats

Une forte dépendance de l'économie sur secteur du diamant

La croissance du PIB du Botswana était aux alentours de 8% par an jusqu’à la fin des années 90, se plaçant parmi les économies les plus prospères du monde. L’industrie du diamant étant le moteur principal de cette croissance et de la stratégie de développement impulsée par l’État. Mais la chute de la demande de diamants en 2009 a menacé le modèle économique jusqu’à présent stable et mis l’accent sur la sur-dépendance de l’économie vis-à-vis du secteur minier.

Cette croissance tirée du diamant et ces investissements pour le développement social du pays sont à contraster avec d’autres réalités:

Le Botswana fait parti des pays les plus mal classés en terme d’inégalité de revenus, il affiche le deuxième taux le plus élevé de prévalence adulte au VIH/SIDA et son index de développement humain s’est détérioré.

Pour aller plus loin:

 

30 mai 2016 — estelle laget

Commentaires

david

david a dit:

Une chose est certaine quelque soit la production qualitative du synthétique elle n’égalera jamais le naturel.

Laisser un commentaire

Prenez en compte que votre message doit être approuvé avant publication